Recension de « Freedom Is Free », de Chicano Batman

« Freedom Is Free » serait le troisième album d’un quatuor angélénois autodérisoirement dénommé Chicano Batman. Ne connaissais pas la musique de ces messieurs avant il y a quelque temps. Ai écouté Cycles of Existential Rhyme, leur deuxième. Tout cela tombe en plein dans ma talle, comme on dit. Je me demandais, depuis un certain temps, si des héritiers de Los Lobos pouvaient surgir des faubourgs del Este de Los Angeles. Voilà que je découvre ces garçons qui jouent soudés, avec à leur proue un personnage du nom de Bardo Martinez, équipé d’une tronche à la Zack de la Rocha, mais au tempérament beaucoup moins vindicatif. Bardo va dans les aiguës sans se casser la nénette, comme Curtis Mayfield jadis. Là où Los Lobos synthétisait les musiques terriennes du sud et du nord du Rio Grande – bolero, blues, tex-mex, cow-punk, cumbia –, Chicano B. greffe à un pied de vigne soul divers cépages : psychédélisme soul à la Temptations, funk à la Funkadelic, pop brésilienne, jazz-prog, ballades baroques à la Arthur Lee et Love, et autres fantaisies. Bardo Martinez ne raconte pas d’histoires de voyages lysergiques : très lucide, le jeune homme, qu’il tienne des propos encourageants dans la pièce « Freedom Is Free » ou qu’il fasse des constats anthropologiques déprimants dans « The Taker Story », inspirée d’ « Ishmael », un bouquin de Daniel Quinn.

www.npr.org/2017/04/13/523743206/chicano-batman-tiny-desk-concert